Vous imaginez que cette vie là est différente, et bien c’est le cas. Nous nous éloignons de chez nous, prenons de la hauteur et de la distance avec les choses, un autre quotidien pas toujours évident.

En Alpage, le troupeau est plus grand car les brebis sont regroupées. Il est gardé et non conduit en clôture électrique comme bien souvent en Provence. Les animaux sortent de leur parc de nuit tôt le matin et rentrent tard le soir.

Cette période est déterminante pour eux, c’est normalement un moment où le pâturage est abondant, ou chacun peut prendre des forces et faire des réserves pour la suite.

Les bergers répètent inlassablement la même tâche, attendant la nuit pour regrouper leurs moutons.

Une simple tâche si difficile à réaliser ! Il faut gérer son pâturage, ne pas laisser les bêtes aller tout de suite partout, garder des zones vierges pour presque chaque jour. Il est crucial de comprendre le sens du troupeau, le mouvement qu’il prendra naturellement*. Les brebis, au printemps, veulent grimper sur les crêtes, elles raffolent de l’herbe qui vient d’apparaître, mais celle-ci est trop tendre et lui offre peu de profit. Nous devons freiner leur ascension pour avoir des ressources jusqu’à l’automne, où à ce moment d’ailleurs le mauvais temps arrive et elles voudront redescendre. Il faudra les retenir !

La pratique de la transhumance est un principe opportuniste, nous suivons la poussée de l’herbe du premier mars en Provence jusqu’au mois de juillet dans les Alpes…. (Autre sujet – pâturage ressource)

Nous vivons chaque déplacement au fil des saisons avec une grande extraction, ravis de partir en montagne, nous serons je l’espère ravis de repartir cette automne…

* Cette appréciation est très importante, les animaux dans leur cheminement ne doivent pas être dérangés que très rarement. La subtilité du travail du berger et de ses chiens est de conduire, d’orienter, ralentir, anticiper le mouvement pour que chacune d’elle ait magnifiquement bien mangé le soir sans avoir trop gaspillé ni trop marché.

Par Emmanuel Lafaye, notre berger.